• la nécropole de baud-chardonnet

Un nouvel équipement urbain, 
une nouvelle manière de gérer nos morts



La grille, en tant que système mathématique induit un comportement de répétition, une névrose du motif, quelque chose que l’on ne sait dimensionner. Elle ordonne, mesure, structure. La foule organique, végétale, corporelle est par essence transgressive. L’adjonction du temps rendant sa progression inexorable, elle entre alors en totale confrontation avec la grille rationnelle, et devient témoin privilégiée du passage du temps.

Ce projet de nécropole, en s’insérant dans le tissu urbain, aspire à intégrer la mort à la ville en la démystifiant. Il ne se veut pas pour autant détaché de toute symbolique. Il aspire seulement à la transposer de la dépouille à l’espace, sa monumentalité, son rapport à la ville, au temps et à la lumière. Ici la mort, est abordée comme une temporalité de la matière. La grille, d’abord système mathématique brut, se voit gagner en dimension et en matérialité. Soudain, l’on sent un frémissement sous-jacent. Il fait vibrer la grille. La matière jaillit et se répand inexorablement. Peu à peu elle envahit la grille, qui finit par disparaître totalement.

La matière devient une entité vivante, mouvante, abstraite.




Ce projet est une fiction qui s’inscrit dans une extrapolation critique du programme urbain Rennes 2030.

En s’enracinant dans le contexte actuel, nous faisons état d’un problème au cœur de nos villes délaissé des architectes et anticipons les conséquences d’une absence de préoccupation et de gestion de ce problème dans les années à venir : il s’agit de la gestion des morts. Par gestion, nous entendons à la fois le stockage des corps et leur traitement.

Les cimetières tels que nous les connaissons aujourd’hui sont des lieux essentiels car ils font figure de véritables poumons verts dans les villes. Ce sont des espaces calmes, méditatifs et contemplatifs, notamment en raison des symboles qui leur sont associés, et leur dimension patrimoniale. Il est donc certain que ces lieux-là ont une fonction pertinente dans nos villes actuelles. Mais en anticipant un nombre de morts qui viendrait à croître — qu’il s’agisse de la croissance démographique à long terme ou d’une soudaine crise sanitaire telle que le COVID —, la place requise par les cimetières dans les villes, et la limite que présente ce mode de gestion des morts, est questionnable.

L’espace en ville aujourd’hui a de plus en plus de valeur. Consacrer l’espace urbain à des espaces verts est primordial pour notre bien-être et notre santé, mais l’utiliser pour stocker et accumuler de plus en plus de nos défunts semble de moins en moins envisageable à long terme, car les cimetières ne peuvent pas empiéter perpétuellement sur l’espace urbain qui les contient. Au cours de nos recherches, nous comprenons que la saturation imminente des cimetières est une problématique que voit venir chaque municipalité avec beaucoup d’appréhension, tant le sujet est délicat à traiter. Afin d’y remédier, des systèmes de concessions sont mis en vigueur ; au bout d’un certain nombre d’années — durée qui a vocation décroitre progressivement —, les proches doivent payer la concession pour conserver la place du défunt dans le cimetière. Dans le cas contraire, elle est libérée pour accueillir une nouvelle dépouille. Ce système n’est qu’une solution intermédiaire pour permettre aux cimetières de ne pas saturer trop vite, mais ne sont pas viables à long terme. Il s’agit ici de songer à une alternative à la gestion de nos corps, plus durable. D’autre part, il nous semble intéressant de profiter du vaste programme de réaménagement urbain Rennes 2030 pour y intégrer cette proposition, qui prendrait pleinement part à ce projet de “métropole de demain”. 

L’idée de ce projet architectural est de provoquer un changement des représentations et des symboliques associées à la mort, en les rattachant non plus au corps mais à un espace. Le corps tend à être traité de façon à se réduire voire disparaître, tandis que l’espace devient monument et porte la symbolique associée à la mort.

On peut donc imaginer que, si nous arrêtons d’inhumer nos morts dans les cimetières en villes, nous les cristalliserons afin qu’ils continuent d’être utilisés et appréciés en tant qu’espaces verts et monuments patrimoniaux. N’accueillant plus de nouvelles dépouilles, ils conserveront uniquement leur rôle de poumon vert calme et méditatif au cœur de la ville. Les morts seront stockés dans d’autres endroits probablement plus compacts, plus neutres au sein de la ville, c’est à dire sans marquages religieux ou culturel spécifique. Ces nouveaux équipements pourront, de façon générique, prendre place soit dans les cimetières — qui sont déjà des espaces existants ayant pour fonction de stocker, honorer et se remémorer des défunts —, ou dans d’autres espaces de la ville. Ils pourront comprendre une phase de recueil et d’hommages dans des espaces neutres libres à l’appropriation individuelle ou collective — une forme de salle polyvalente d’hommage — et une phase de gestion, traitement écologique des corps — aquamation, cimetière naturel...

les chambres de recueillement
submersion d’un module de columbarium
submersion d’un module de columbarium

des monuments de recueils dispersés dans la trame urbaine







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programmenécropolelocalisationzac de baud-chardonnet, rennes FRatelierarchitecture de la foule non-humaine, école nationale supérieure d’architecture de bretagneenseignantscan onaner — valérian almaric — henri bony — mathilde sarijurygeorgi stanishev — julia tournaire — maxime potironproductionsnathan cilona — alice rappeneau — loïc sizornannée2020-2021statutrendu
livret de projet

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