couverture — loïs weinberger (photo : antoine espinasseau)
vision — natacha prioux
portfolio — julius von bismarck & marta dyachenko
poster — julie drane
projet — alice rappeneau & loïc sizorn
enquête — jean-sébastien cluzel & masatsugu nishida
critique — charlotte malterre-barthes


plan libre 200

Sans construire, sans démolir



Concevoir sans construire et sans démolir, n'est pas une posture de démission. Il s'agit ici de faire l'hypothèse d'une architecture, non plus comme l'art d'édifier, mais plutôt comme une stratégie de considérer, réparer, requalifier. Au-delà de l'évidence du « faire-avec » et du « déjà-là », les auteur·rice·s de ce numéro explorent et élaborent des architectures faites de déplacement, de remplacement, de considération.

À la fin du 20ème siècle, l'exposition « Deconstructivist Architecture »01 annonce la décomposition et la fragmentation d’une architecture pensée comme un langage. L’architecture y est le sujet de l’architecture et célèbre son raffinement tant conceptuel que formel. Aujourd’hui, les ressources manquent et la diversité du vivant s’amenuise, l’architecture n’est plus le sujet. Ce sont ses effets qui nous préoccupent. L'humanité a édifié en quelques décennies plus de bâtiments qu’en 300 000  ans.

La construction est désormais dispensable. Ne pas faire est un projet. Charlotte Malterre-Barthes propose de suspendre la construction par un moratoire. Cette mise à l’arrêt est aussi l’occasion d'instaurer un lien nouveau et salutaire entre l’économie, l'architecture et le travail. Le sanctuaire d'Ise au Japon peut être un exemple d’une pratique de l’architecture qui s’inscrit au-delà de la chose construite, au-delà de la matière, et s’affirme comme un rituel de soin, un savoir-faire de maintenance. Le Lieu Éjactementaire témoigne lui aussi de cette volonté de ne pas faire. En cessant de transformer nos déchets en une nouvelle ressource productive, il suggère de nouveaux rituels, ceux d’une accumulation de matière inerte, vouée à un trop-plein inévitable. Les travaux des étudiant·e·s qui complètent ce numéro laissent entrevoir une sensibilité neuve pour une architecture liminale, laissée au seuil de la chose tangible, pensée comme acte de maintenance, sans souci de forme ni de visibilité.

Ne pas construire, ne pas démolir n'est pas un aveu d'échec mais plutôt une possibilité de reconfigurer les affects.

Benjamin Lafore & Sébastien Martinez-Barat

01 . Deconstructivist Architecture, Commissariat : Mark Wigley. Museum of Modern Art, New York, 1988.


programmejournal mensuel d’architecture
missioncoordination éditoriale en chefcommanditairemartinez-barat lafore architecteséditionmaison de l’architecture occitanie-pyrénéesparutionfévrier 2023contributionsloïs weiberger — antoine espinasseau — natacha prioux — julius von bismarck & marta dyachenko — julie drane — alice rappeneau & loïc sizorn — jean-sébastien cluzel — charlotte malterre-barthesdirection de publicationjoanne pouzencrédaction en chefsébastien martinez-baratcomité éditorialnathan cilona — fanny vallin — benjamin lafore — colombine noébès-tourrès — laëtitiat touloutdirection artistiquepierre vannigraphismeatelier documentsstatutpublié
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