mémoire altérée de l’espace
Le pouvoir d’un iPhone dans l’expérience de l’architecture
COMMENT LE SMARTPHONE ALTÈRE-T-IL NOTRE SOUVENIR DE L’ESPACE
Ce premier mémoire de master est l’occasion d’aborder, par le biais de la phénoménologie, les relations d’interdépendance entre l’architecture et les nouvelles technologies, et en particulier le cas banal d’un iPhone. Il s’agit d’identifier les points de bascule dans notre façon d’explorer, de naviguer, de ressentir les espaces qui composent nos environnements domestiques et urbains. D’une intrusion d’apparence inoffensive, bien que généralisée, de cet outil technologique dans les poches de nos pantalons, nous essayons de décrypter comment, dans nos maisons ou nos voyages, celui-ci a sérieusement altéré, si ce n’est amputé, à la fois notre expérience et notre mémoire de l’architecture.
Prenant appui sur la notion de rétention tertiaire de Bernard Stiegler, ainsi que La Production de L’espace d’Henri Lefebvre, nous mettons en exergue les risques et effets d’un usage insouciant des outils numériques, tant dans leur interface digitale que dans notre environnement physique. Il s’agit avant tout de prendre conscience de la façon dont ces outils affectent notre comportement mais surtout notre aptitude à nous souvenir des espaces que l’on traverse ou que l’on habite. Si l’on veut que ces appareils continuent d’amplifier et d’approfondir notre expérience et non qu’elle soit endommagée voire qu’elle nous submerge, il est primordial de capter l’influence des smartphones dans nos comportements individuels et collectifs. Et cela s’illustre par différents changements relevés notamment dans la pratique de la photographie ou du tourisme au travers de plusieurs études de cas. Au-delà de ces questions générales, arriverons-nous peut-être à déterminer ce que sont des espaces de la mémoire et des espaces de l’oubli, et ainsi déterminer comment peut-on les penser, en tant qu’architectes ou praticiens de l’espace.
C’est en étudiant comment nous avons, nous aussi humains, changé notre code — notre attitude, notre posture, nos goûts — que nous arrivons à poser une question plus large encore, à savoir, celle de se demander si, d’humains manipulant des outils, il est possible que nous ayons déjà évolué vers un corps plus hybride, obstruant les frontières entre les humains et les non-humains.