Site de Nathan Cilona


  • la nécropole de baud-chardonnet

Un nouvel équipement urbain, 
une nouvelle manière de gérer nos morts



La grille, en tant que système mathématique induit un comportement de répétition, une névrose du motif, quelque chose que l'on ne sait dimensionner. Elle ordonne, mesure, structure. La foule organique, végétale, corporelle est par essence transgressive. L'adjonction du temps rendant sa progression inexorable, elle entre alors en totale confrontation avec la grille rationnelle, et devient témoin privilégiée du passage du temps.

Ce projet de nécropole, en s'insérant dans le tissu urbain, aspire à intégrer la mort à la ville en la démystifiant. Il ne se veut pas pour autant détaché de toute symbolique. Il aspire seulement à la transposer de la dépouille à l'espace, sa monumentalité, son rapport à la ville, au temps et à la lumière. Ici la mort, est abordée comme une temporalité de la matière. La grille, d'abord système mathématique brut, se voit gagner en dimension et en matérialité. Soudain, l'on sent un frémissement sous-jacent. Il fait vibrer la grille. La matière jaillit et se répand inexorablement. Peu à peu elle envahit la grille, qui finit par disparaître totalement.

La matière devient une entité vivante, mouvante, abstraite.




Ce projet est une fiction qui s'inscrit dans une extrapolation critique du programme urbain Rennes 2030.

En s'enracinant dans le contexte actuel, nous faisons état d'un problème au cœur de nos villes délaissé des architectes et anticipons les conséquences d'une absence de préoccupation et de gestion de ce problème dans les années à venir : il s'agit de la gestion des morts. Par gestion, nous entendons à la fois le stockage des corps et leur traitement.

Les cimetières tels que nous les connaissons aujourd'hui sont des lieux essentiels car ils font figure de véritables poumons verts dans les villes. Ce sont des espaces calmes, méditatifs et contemplatifs, notamment en raison des symboles qui leur sont associés, et leur dimension patrimoniale. Il est donc certain que ces lieux-là ont une fonction pertinente dans nos villes actuelles. Mais en anticipant un nombre de morts qui viendrait à croître — qu'il s'agisse de la croissance démographique à long terme ou d'une soudaine crise sanitaire telle que le COVID —, la place requise par les cimetières dans les villes, et la limite que présente ce mode de gestion des morts, est questionnable.

L'espace en ville aujourd'hui a de plus en plus de valeur. Consacrer l'espace urbain à des espaces verts est primordial pour notre bien-être et notre santé, mais l'utiliser pour stocker et accumuler de plus en plus de nos défunts semble de moins en moins envisageable à long terme, car les cimetières ne peuvent pas empiéter perpétuellement sur l'espace urbain qui les contient. Au cours de nos recherches, nous comprenons que la saturation imminente des cimetières est une problématique que voit venir chaque municipalité avec beaucoup d'appréhension, tant le sujet est délicat à traiter. Afin d'y remédier, des systèmes de concessions sont mis en vigueur ; au bout d'un certain nombre d'années — durée qui a vocation décroitre progressivement —, les proches doivent payer la concession pour conserver la place du défunt dans le cimetière. Dans le cas contraire, elle est libérée pour accueillir une nouvelle dépouille. Ce système n'est qu'une solution intermédiaire pour permettre aux cimetières de ne pas saturer trop vite, mais ne sont pas viables à long terme. Il s'agit ici de songer à une alternative à la gestion de nos corps, plus durable. D'autre part, il nous semble intéressant de profiter du vaste programme de réaménagement urbain Rennes 2030 pour y intégrer cette proposition, qui prendrait pleinement part à ce projet de "métropole de demain". 

L'idée de ce projet architectural est de provoquer un changement des représentations et des symboliques associées à la mort, en les rattachant non plus au corps mais à un espace. Le corps tend à être traité de façon à se réduire voire disparaître, tandis que l'espace devient monument et porte la symbolique associée à la mort.

On peut donc imaginer que, si nous arrêtons d'inhumer nos morts dans les cimetières en villes, nous les cristalliserons afin qu'ils continuent d'être utilisés et appréciés en tant qu'espaces verts et monuments patrimoniaux. N'accueillant plus de nouvelles dépouilles, ils conserveront uniquement leur rôle de poumon vert calme et méditatif au cœur de la ville. Les morts seront stockés dans d'autres endroits probablement plus compacts, plus neutres au sein de la ville, c'est à dire sans marquages religieux ou culturel spécifique. Ces nouveaux équipements pourront, de façon générique, prendre place soit dans les cimetières — qui sont déjà des espaces existants ayant pour fonction de stocker, honorer et se remémorer des défunts —, ou dans d'autres espaces de la ville. Ils pourront comprendre une phase de recueil et d'hommages dans des espaces neutres libres à l'appropriation individuelle ou collective — une forme de salle polyvalente d'hommage — et une phase de gestion, traitement écologique des corps — aquamation, cimetière naturel...


baud-chardonnet's necropolis

A New Urban Facility, 
A New Way of Managing our Deceased



The grid, as a mathematical system, induces a behavior of repetition, an obsession with patterns, something that cannot be adequately dimensioned. It organizes, measures, and structures. The organic, vegetal, bodily crowd is inherently transgressive. As time elapses, its progress becomes inexorable, and it directly confronts the rational grid, becoming a privileged witness to the passage of time.

By integrating into the urban fabric, this Necropolis project aims to incorporate death into the city while demystifying it. However, it does not intend to be detached from all symbolism. Its purpose is simply to transpose it from the remains to the space, its monumentality, its relationship with the city, time, and light. Here, death is approached as a temporality of matter. The grid, initially a raw mathematical system, gains dimension and materiality. Suddenly, there is an underlying tremor. It makes the grid vibrate. The matter bursts forth and spreads inexorably. Gradually, it invades the grid until it completely disappears.

The matter becomes a living, moving, abstract entity.




This project is a work of fiction that speculate within a critical approach of the Rennes 2030 urban program.

Rooting itself in the current context, Baud-Chardonnet's Necropolis Project addresses a problem at the heart of our cities that architects have neglected, and anticipates the consequences of failing to address and manage this issue in the years to come: the management of the deceased. By management, we refer to both the storage of bodies and their treatment.

Cemeteries, as we know them today, are essential places as they serve as true green lungs within cities. They provide calm, meditative, and contemplative spaces, partly due to the symbols associated with them and their heritage dimension. Therefore, these places have a relevant function in our current cities. However, by anticipating an increase in the number of deceased individuals — whether due to long-term demographic growth or a sudden health crisis like COVID — the space required by cemeteries in cities, and the limitations of this mode of managing the deceased, becomes questionable.

Urban space is increasingly valuable today. Allocating urban space to green areas is crucial for our well-being and health, but using it to store and accumulate more and more of our deceased becomes less and less sustainable in the long run, as cemeteries cannot perpetually encroach upon the urban space they occupy. Our research indicates that the imminent saturation of cemeteries is a concern that each municipality foresees with great apprehension, given the delicacy of the matter. To address this, concession systems are implemented; after a certain number of years — a duration intended to progressively decrease — relatives must pay to maintain the deceased's place in the cemetery. Otherwise, it is released to accommodate a new body. However, this system is only an interim solution to prevent cemeteries from quickly reaching capacity and is not viable in the long term. It is essential to consider an alternative, more sustainable way of managing our deceased.

Moreover, it seems interesting to take advantage of the extensive urban redevelopment program Rennes 2030 to integrate this proposal, which would become an integral part of the "city of tomorrow" project.

The idea embodied in this architectural project is to change the representations and symbolism associated with death by linking them not to the body but rather to architecture. The body is treated in a way that it diminishes or even disappears, while the space becomes a monument and carries the symbolism associated with death.

Therefore, we can imagine that if we stop burying our deceased in city cemeteries, we will crystallize them so that they continue to be used and appreciated as green spaces and heritage monuments. No longer accepting new bodies, these places will only retain their role as quiet and meditative green lungs in the heart of the city. The deceased will be stored in other places, probably more compact and neutral within the city, without specific religious or cultural markings. These new facilities could either be incorporated into existing cemeteries - which already serve as spaces for storing, honoring, and remembering the deceased — or located in other areas of the city. They could include a phase of gathering and paying homage in neutral spaces that allow for individual or collective appropriation — a form of versatile tribute hall — as well as a phase of ecologically treating and managing the bodies — such as aquamation or natural burial methods.

les chambres de recueillement
submersion d'un module de columbarium
submersion d'un module de columbarium

des monuments de recueils dispersés dans la trame urbaine







projetprojet de master 2
programmenécropolelocalisationzac de baud-chardonnet, rennes FRatelierarchitecture de la foule non-humaine, école nationale supérieure d’architecture de bretagneenseignantscan onaner — valérian almaric — henri bony — mathilde sarijurygeorgi stanishev — julia tournaire — maxime potironproductionsnathan cilona — alice rappeneau — loïc sizornannée2020-2021statutrendu
livret de projet
project2nd year master's project
programnecropolislocationbaud-chardonnet, rennes FRstudioArchitecture For A Non-Human Crowd, école nationale supérieure d’architecture de bretagnesuperviserscan onaner — valérian almaric — henri bony — mathilde sarijurygeorgi stanishev — julia tournaire — maxime potironteamnathan cilona — alice rappeneau — loïc sizornannée2020-2021statusgraduated
project's portfolio

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