200 plan libre : anatomie d’un journal d’architecture
plan libre 200 : sans construire, sans démolir
plan libre 198 : joyeux moyen âge
plan libre 197 : minuscules
plan libre 196 : ronds-points
plan libre 195 : la déception de la forme
nouvelles fictions pour l’architecture
la photogénie d’architecture à l’ère d’instagram
mémoire altérée de l’espace
hospitalités citoyennes
la joie du basculement
toulouse-sur-garonne
rituels du quotidien
bap!
villa florisa
atlas, discours sur la magie
architecture—fiction
un village témoin de l’architecture customisable
la nécropole de baud-chardonnet
tír na nóg, terre de jouvence
[coll.] synopsis
juliette picherit, portfolio
atelier d’architecture david huet
places
jars
editorial curation,
publications
research
publications
research
200 plan libre : anatomy of an architectural journal
plan libre 200 : neither building nor demolishing
plan libre 198 : happy medieval time
plan libre 197 : tinies
plan libre 196 : roundabouts
plan libre 195 : disappointment of the form
new fictions for architecture
architecture's photogenicity at the instagram era
altered memory of space
architecture,
scenography
scenography
urban hospitalities
joy of tilting
toulouse-upon-garonne
everyday rituals
bap!
villa florisa
atlas, talking about magic
fiction—architecture
a show village of customizable architecture
baud-chardonnet's necropolis
tír na nóg, land of youth
graphic design,
web design
web design
[coll.] synopsis
juliette picherit, portfolio
atelier d’architecture david huet
photography
places
jars
- un village témoin de l’architecture
- paramétrique et customisable
Le paradigme du non-standard,
un système de conception par et pour Instagram
Ce projet est une fiction qui critique et spécule le devenir d’Instagram, dans la relation entre réseau social et architecture.
Un siècle après le paradigme du Bauhaus qui visait à se saisir des nouvelles technologies pour repenser l’esthétisme architectural dans un fantasme universaliste de standardisation, l’ère du digital bouleverse à son tour la codification de l’image de l’architecture, et fait naître un nouveau désir : celui de faire coller l’imaginaire numérique à la réalité de la vie.
C’est un nouveau fantasme, qui prône à présent le non-standard, le customisable, tout en utilisant de la même façon les progrès technologiques pour créer une nouvelle façon de penser la ville. Le groupe META [Facebook/Instagram/What’s App...], pionnier en matière de machine learning, a su collecter des données de millions d’utilisateurs pour perfectionner un outil de prédiction algorithmique capable de générer et proposer le contenu le plus susceptible d’intéresser chacun de ses usagers, et par là les inciter à consommer toujours plus d’images, dans un flux ininterrompu via une interface sur smartphone.
Après avoir excellé en tant que réseau social, le groupe dédie une filiale à l’aménagement urbain, qui se veut à son tour pionnière de l’architecture du non-standard en réutilisant le processus prédictif d’un algorithme de pointe capable de générer un nouveau type de contenu, toujours en se basant sur les goûts de ses utilisateurs. L’algorithme diffère de la conception paramétrique qu’explorent depuis longtemps des architectes en se concentrant à rendre ses productions picture-perfect. Pour Instagram, seul l’outil computationnel est capable de proposer la synthèse parfaite du beau, tant il est capable de dicter puis prédire les tendances des esthétiques du digital.
Universel, Instagram réalise le fantasme entretenu par le courant moderne : mondialiser une esthétique de l’architecture comme un système radical s’approchant toujours plus de la perfection. Elle fascine et s’exporte dans le monde entier, faisant abstraction totale du lieu et de la culture dans lesquels elle s’implante. Par un rapport iconoclaste de superficialité, on cherche à amener du désir, de l’évènement. C’est une course à l’attention : la ville est un scrolling continu d’architectures en tous genres ; on cherche à interpeller, capter le regard et susciter une réaction. Plus encore, l’architecture devient une forme d’échappatoire, un besoin de s’évader de la société trop morne.
L’architecture est impulsive. On la commande en quelques clics sur une interface web et un algorithme génère une réponse instantanée. L’expérience est néanmoins physique : on visualise notre espace au travers d’un casque de réalité virtuelle. Satisfait, il ne reste qu’à cliquer et patienter qu’il nous soit livré en kit, dans la capacité maximale d’un container. On ne fait que suivre des mécanismes déjà bien rodés de la mondialisation.
L’architecture est démonstrative. Toujours plus technophile, le mode de fabrication de ces espaces conditionne le langage architectural et la façon dont on les exporte. L’impression 3D à grande échelle devient la réponse technique au problème posé par la volonté de produire de façon standardisée des objets customisés.
L’architecture s’émancipe de l’architecte tout-puissant. Déjà assistée, la conception devient plus autonome et transgresse le rôle de l’architecte. Il n’est plus concepteur du projet mais seulement du système qui le génère. Il devient programmeur, et perfectionne ce système, en définit les règles et les contraintes. Il devient relecteur, et finalise l’aboutissement du projet. N’étant plus attribuée à un architecte ou une agence spécifique, l’architecture devient open-source.
Le langage évolue. Le contenu, qui désignait jusqu’alors un flux d’images virtuelles, devient un terme qui désigne un flux d’espaces divers. L’interface, qui désignait jusqu’alors l’espace virtuel permettant le dialogue entre un utilisateur et un programme informatique, devient désormais l’espace physique dans lequel on vient se mettre en scène et se donner à voir, se contempler de façon décomplexifiée. Ce sont des lieux à regarder avant d’être des lieux à vivre. Parfois peut-être n’ont-ils même pas d’usage, autres que de se laisser divertir et contempler. Le programme — au sens architectural du terme — se dissipe et est relégué au second plan, il n’est plus anticipé. On entretient une dichotomie singulière entre l’intérieur et l’extérieur, dans laquelle la façade du décor prime sur ses possibles usages. De partout, la forme se dissocie de la fonction.
La ville évolue. Elle se thématise, et se submerge de petits simulacres d’artificialité. Désormais conçue par interfaces modulées et dupliquées, la ville transgresse les processus et temporalités qui la fabriquaient jusqu’alors. Elle se fait à présent par collages plus ou moins subtiles d’un zapping d’architectures hétéroclites.
Pour les aménageurs urbains c’est une aubaine, une façon de faire de leur ville une vitrine, tant sur l’aspect esthétique que technique, voire touristique, c’est une démonstration du progrès. Différents acteurs publics et privés fabriquent la ville à toute vitesse. L’algorithme permet de produire un spectre large de typologies et morphologies urbaines : allant du mobilier urbain à des lotissements entiers, voire des installations monumentales.
L’architecture se fragmente et embellit les espaces publics. Dans un premier temps, des promoteurs ou acteurs de l’immobilier commandent puis revendent ou louent ces espaces, dont ils laissent l’usage libre à l’appropriation. Dans un second temps, c’est l’image de l’architecture qui se vend et se repend car elle attire et fascine de nombreux individus et influenceurs.
L’architecture se fragmente et embellit les espaces publics. Dans un premier temps, des promoteurs ou acteurs de l’immobilier commandent puis revendent ou louent ces espaces, dont ils laissent l’usage libre à l’appropriation. Dans un second temps, c’est l’image de l’architecture qui se vend et se repend car elle attire et fascine de nombreux individus et influenceurs.
Instagram en devient doublement bénéficiaire : en mettant à disposition son outil de conception ainsi que le processus de fabrication, il vend des espaces dont l’image a vocation à proliférer au cœur même de son réseau social.
- a show village of
- customizable and parametric architecture
The Non-Standard Paradigm –
A Design System for and by Instagram
This project critiques and speculates on the future of Instagram, exploring the relationship between social media and architecture.
A century after the Bauhaus paradigm, which sought to embrace new technologies to rethink architectural aesthetics in a universalistic fantasy of standardization, the digital era is now disrupting the codification of architectural imagery, giving rise to a new desire: aligning digital imagination with the reality of life.
It is a new fantasy, now advocating non-standard, customizable approaches while utilizing technological advancements to create a new way of thinking the city. The META company [Facebook/Instagram/WhatsApp...], pioneer in machine learning, has collected data from millions of users to refine an algorithmic predictive tool capable of generating and proposing content most likely to interest each user, encouraging them to consume an unending stream of images through a smartphone interface.
Having excelled as a social network, META dedicates a subsidiary to urban planning, now striving to be at the forefront of non-standard architecture by reusing the predictive process of a cutting-edge algorithm capable of generating a new type of content based on its users' preferences. Unlike parametric design explored by architects for a long time, the algorithm focuses on making its productions picture-perfect. For Instagram, only computational tools can offer the perfect synthesis of beauty, as they can dictate and predict digital aesthetics' trends.
Universal, Instagram fulfills the fantasy upheld by the modern movement: to globalize an architectural aesthetic as a radical system, approaching ever closer to perfection. It fascinates and spreads worldwide, disregarding entirely the place and culture in which it implants itself. Through an iconoclastic rapport of superficiality, it seeks to instill desire, evoke an event. It is a race for attention: the city becomes a continuous scrolling of various architectures, aiming to engage, capture the gaze, and elicit a reaction. Furthermore, architecture becomes an escape, a need to break free from a too mundane society.
Architecture is impulsive. It is ordered with a few clicks on a web interface, and an algorithm generates an instant response. The experience remains physical; we visualize our space through virtual reality goggles. Satisfied, we only have to click and wait for it to be delivered in a kit, fitting into the maximum capacity of a container. We simply follow well-established mechanisms of globalization.
Architecture is demonstrative. Always more technophilic, the mode of fabrication conditions the architectural language and how these spaces are exported. Large-scale 3D printing becomes the technical solution to the challenge of producing customized objects in a standardized way.
Architecture emancipates itself from the all-powerful architect. Already assisted, the design process becomes more autonomous and transcends the architect's role. He/she is no longer the project's designer but rather the creator of the system that generates it. He/she becomes programmer, perfecting the system, defining rules and constraints. He/she becomes reviewer, finalizing the project's outcome. No longer attributed to a specific architect or agency, architecture becomes mainstream and open-source.
The language evolves. The term "content," which previously referred to a flow of virtual images, now designates a flow of diverse spaces. The "interface," which used to refer to the virtual space facilitating dialogue between a user and a computer program, now becomes the physical space in which one presents oneself and is seen, observed in a relaxed manner. These are places to look at before being places to live in. Perhaps sometimes they do not even have a specific purpose other than to entertain and contemplate. The architectural program dissipates and takes a back seat; it is no longer anticipated. A unique dichotomy between interior and exterior is maintained, where the facade of the setting takes precedence over its potential uses. Everywhere, form dissociates from function.
The city evolves. It becomes thematized and submerged in small simulacra of artificiality. Now conceived through modulated and duplicated interfaces, the city transcends the processes and temporalities that previously shaped it. It is now made through more or less subtle collages of heterogeneous architectures.
For urban planners, this is an opportunity to turn their city into a showcase, not only in terms of aesthetics but also technically and even as a tourist attraction; it is a demonstration of progress. Various public and private actors are rapidly constructing the city. The algorithm allows for a wide range of urban typologies and morphologies to be produced, ranging from urban furniture to entire subdivisions, and even monumental installations. Architecture fragments and embellishes public spaces. First, developers or real estate actors commission and then resell or rent these spaces, leaving their use open to appropriation. Second, the architecture's image is sold and spreads because it attracts and fascinates numerous individuals and influencers.
L’architecture se fragmente et embellit les espaces publics. Dans un premier temps, des promoteurs ou acteurs de l’immobilier commandent puis revendent ou louent ces espaces, dont ils laissent l’usage libre à l’appropriation. Dans un second temps, c’est l’image de l’architecture qui se vend et se repend car elle attire et fascine de nombreux individus et influenceurs.
L’architecture se fragmente et embellit les espaces publics. Dans un premier temps, des promoteurs ou acteurs de l’immobilier commandent puis revendent ou louent ces espaces, dont ils laissent l’usage libre à l’appropriation. Dans un second temps, c’est l’image de l’architecture qui se vend et se repend car elle attire et fascine de nombreux individus et influenceurs.
Instagram benefits doubly from this: by providing its design tool and the manufacturing process, it sells spaces whose images are meant to proliferate at the heart of its social network.